Exposé préparatoire de Nikita PETROV, PHD, directeur adjoint de « MEMORIAL », Association internationale, Histoire et Mémoire des répressions, Droits de l’homme.

Traduit par Arthur Clech en collaboration avec Denis Goloborodko

Suite aux événements d’août 1991, le parti communiste de l’Union soviétique (KPSS) perd le pouvoir. Par décrets du président de la Fédération de Russie, les archives du parti passent sous le contrôle du département d’État des archives[1]. L’État devait se charger de la conservation des archives du KGB, dont une partie avait été déjà publiée. Bien sûr, ces décrets n’étaient pas seulement destinés à préserver ces archives du parti et du KGB de leur possible destruction, mais il était question surtout de les soumettre à l’étude, d’exploiter leurs fonds, qui revêtaient une importance particulière dans la mesure où ces archives pouvaient permettre une véritable compréhension de l’histoire de notre pays.

Dès l’automne 1991, est créée une «Commission sur l’organisation de la transmission et de l’accueil des archives du parti communiste et du KGB de l’Union soviétique par l’État se chargeant de leur conservation et de leur utilisation». Elle est dirigée par Dimitri Volkogonov[2]. La réforme amorcée dans la sphère des archives avait pour but  à la fois l’ouverture des archives auparavant interdites d’accès aux utilisateurs des archives et la création d’une nouvelle législation sur les archives, servant à fonder de  nouvelles règles qui permettraient d’employer les lois en faveur d’une simplification maximale de l’accès et de l’utilisation des documents d’archives. En outre, des lois sur la déclassification des documents devaient apparaître pour limiter rigoureusement le délai de conservation des documents d’archive (comme la règle l’exige, 30 ans après la création du document).

Si les premières années ont effectivement donné lieu, avec plus ou moins de succès, à une élaboration des lois – toute une série de lois des plus importantes ont été adoptées[3]– sur les archives et sur l’accès à l’information, en revanche, leur application est bien plus sujette à caution. Tant les fonctionnaires d’État que les simples archivistes se sont montrés réticents à suivre les nouvelles règles, et cela, à chaque étape de la réorganisation, jusqu’à parfois commettre un véritable travail de sabotage, en sapant ouvertement les décisions des services fédéraux des archives. Les décrets d’Eltsine du 24 août du 24 août 1991 sur la transmission des archives du parti communiste (KPSS) et du KGB[4] à leur conservation par l’État ont été appliqués seulement pour les archives du parti communiste (aussi bien au centre qu’à la périphérie) alors que les archives du KGB sont restées dans le département du KGB – et de son successeur en droit – le FSB. Et depuis, il n’y a pas d’accès à ces archives. Il serait plus exact de dire qu’un certain accès à ces archives existe, mais il est réglementé par le personnel même des organes de sécurité (en fonction de leur choix et donc soumis à leur partialité) et ne se fonde aucunement sur la base de la loi.

Depuis, la communauté scientifique n’a pas une idée claire de la structure des archives de l’ancien KGB, ni de la composition de leurs fonds. Et même le volume général des documents conservés n’est pas connu avec précision[5]. De 1991 à 1993, quand travaillait la commission des archives du parti communiste et du KGB, les représentants des archives des organes de sécurité ont transmis lors des réunions de la commission des informations contradictoires : contradictoires quant à la quantité des antennes locales de l’archive centrale, le nombre et le volume de leurs fonds.

Il faut noter que les archives du KGB ont été «nettoyées» au milieu des années 50. Au moment de la création du KGB (mars 1954), le centre opérationnel des archives contenait cinq millions sept cents treize mille unités de conservation[6]. Y compris près d’un million et demi de dossiers d’affaires courantes, un million sept cents quatre-vingts trois dossiers d’instruction transmis aux archives; 360 mille dossiers personnels des collaborateurs VTchK-KGB, 375 mille dossiers «opérationnels» d’élaboration et de contrôle (c’est ainsi qu’étaient appelés les «dossiers» sur les citoyens) et 475 mille  dossiers d’agents[7]  (des dossiers personnels et des dossiers de travail[8]); 70 mille dossiers «opérationnels» de l’appareil d’espionnage ; 900 mille dossiers sur les personnes qui partaient à l’étranger et ceux qui entraient en URSS à partir de 1922[9] et, en plus, 280 mille dossiers «de contrôle spécial» sur les personnes qui partaient à l’étranger.

Pour évaluer l’ampleur qu’a pris la destruction des documents des organes de sécurité en 1954-1955 et lors de la dernière période, quand la liste des dossiers devant être constamment conservés a été réduite, et quand le «nettoyage» des archives a pris un caractère régulier, l’on peut se reporter à la quantité des dossiers d’archive de l’ancien KGB restés intactes jusqu’en août 1991. Selon la représentation officielle de la Commission sur les informations des archives du parti communiste (KPSS) et du KGB[10], en 1991 le volume des archives centrales du KGB contient seulement 654300 dossiers. En outre, seulement 167,8 mille dossiers sont conservés à Moscou (ou dans des dépôts de la banlieue de Moscou[11]), tandis que la plus grande partie des dossiers se trouve conservée dans des antennes locales : à Saratov (60 mille), à Omsk (363 mille) [12] et à Vladimir (63,5 mille) [13]. Comme l’on peut le voir, en comparaison avec 1954, la diminution des documents d’archives est sensible. C’est en particulier la destruction des dossiers d’instruction transmis aux archives qui se fait sentir le plus. Dans les archives centrales, seulement 75 mille[14] dossiers d’instructions sont conservés ; en plus de ces dossiers, l’on peut ajouter d’autres catégories de dossiers analogues dans les antennes provinciales : 29,5 mille dossiers sur les «criminels de guerre allemands» à Vladimir,  128 mille dossiers sur les Allemands «retenus en Allemagne» [vérifier si ce n’est pas « retenus en Russie… », qui paraît plus logique] après la guerre. Comme l’on peut le voir, l’essentiel des 1,7 millions de dossiers d’instruction auparavant conservés dans les archives du KGB a été détruit[15].

Le volume total des documents d’archive du KGB au moment de la désagrégation de l’URSS contient 9,5 millions de dossiers, dont 4,8 millions se trouvent dans la république russe. La décision de prendre des mesures pratiques pour transmettre les archives du KGB aux archives d’État a été prise dès janvier 1992[16]. Tout d’abord, l’ «âge» des documents transmis a été limité à quinze ans[17]. L’administration conservait provisoirement les documents d’une durée de moins de quinze ans. Une  exception était faite pour « les documents d’archive concernant certaines activités des organes de sécurités qui ont cessé du fait de leur non-conformité avec la nouvelle législation et avec la constitution de la Fédération de Russie ». Des documents analogues ont pu être transmis sans attendre le délai de quinze ans et transmis directement par les départements opérationnels qui les avaient constitués, sans passer par l’administration, si les documents ne lui avaient pas été encore transmis depuis[18]. L’on a fait une exception également, mais cette fois-ci dans le sens d’une augmentation du délai de conservation dans les archives de l’administration pour les documents (les ordonnances, les instructions etc…) contenant « un règlement de l’activité du travail opérationnel des agents du KGB ». Néanmoins, la conservation de ces documents dans l’administration concernée ne peut excéder trente ans. Il est supposé qu’après 30 ans, la base normative réglementant ce type d’activité des services de renseignement ne manquera pas d’être renouvelée.

Le contenu des documents qui peuvent être transmis a été clairement défini, lorsqu’il s’agit de :

  • dossiers filtrés et contrôlés sur les citoyens soviétiques qui ont été prisonniers ou envoyés en Allemagne.
  • dossiers d’instructions sur les personnes réhabilitées ou qui sont concernées par la nouvelle loi de réhabilitation[19].
  • Dossiers personnels des collaborateurs des organes de sécurité après un délai de conservation de trente ans ou plus, à partir du moment où ils ont été transmis aux archives
  • Fonds des affaires «secrètes» qui comprennent les documents du secrétariat et des départements des organes de sécurité :
    • les ordonnances et les correspondances
    • les projets et les rapports
    • les documents d’informations et les documents statistiques
    • les protocoles des réunions
    • les dossiers de contrôle et de surveillance
    • les documents ayant un caractère d’information touchant ce qui était appelé «le fonds de collection» (certaines catégories comme les rapports de compte et de contrôle, les documents trophées, c’est-à-dire pris à l’ennemi, les collections de photographies et de documents publiés etc.)

Cette décision ne prévoyait aucune autre étape ni de délais pour son application. Néanmoins, sa réalisation pratique a buté sur la résistance que lui offrait le ministère de la sécurité (MB) de la Fédération de Russie – le successeur du KGB. Du fait de tractations en coulisses[20], fin janvier – début février 1992, une lettre a été préparée conjointement par le ministre de la sécurité Viktor Barannikov et le directeur de la Commission sur les archives, Roudolf Pithou. Elle a été adressée aux organes territoriaux du ministère de la sécurité et au comité russe des archives (ROSKOMARHIV). Cette lettre témoigne d’un compromis des deux parties : une première étape de transmission a été définie, quand ont été transmis seulement les dossiers filtrés et contrôlés et les dossiers d’instruction. Le reste de la documentation devait suivre dans un second temps mais, aujourd’hui, on n’est toujours pas arrivé à la seconde étape, alors qu’elle avait été définie en août 1992. Et la première étape n’a pas été franchie partout, voire, parfois, les délais de conservations ont été rallongés. Ainsi, les dossiers d’instruction et les dossiers filtrés et contrôlés des archives de l’OuFSB ont été transmis seulement en 1995[21]. En fait, la réelle impulsion qui permit la transmission, c’est l’absence d’espace dans les locaux de l’OuFSB pour la conservation de ces dossiers[22]. Mais les dossiers d’instruction des archives centrales du FSB restent comme avant à leur place.

Selon la décision de la Commission du 24 janvier 1992, a été poursuivi un travail sur l’étude et sur les propositions des endroits où pourraient être conservés les documents ainsi que sur l’utilisation scientifique d’autres catégories de dossiers, non énumérées ci-dessus. Et il était question des dossiers de contrôle opérationnel (les dossiers sur les citoyens), et d’autres documents opérationnels analogues et de certains dossiers personnels et de travail d’agents des services de sécurité qui sont conservés dans les archives du KGB. Le volume total des dossiers d’archive de cette catégorie n’est pas très grand.  Par exemple, dans les archives du KGB de Moscou sont conservés 9,4  mille dossiers de contrôle opérationnel et seulement 3,5 mille dossiers personnels sur les agents. Le dernier représentant du KGB, V.A. Krioutchkov, s’est démené tant que la plupart des dossiers se trouvant dans les archives centrales ou dans ses antennes locales ont été détruits de 1989 à 1991[23].

En même temps, de janvier à mars 1992, les cercles politiques russes ont débattu longtemps de la question de la lustration des agents et des collaborateurs  du KGB, de leur exclusion des postes à responsabilité. Malheureusement, même au sein des démocrates, a prévalu l’opinion selon laquelle une telle décision serait prématurée voire dangereuse. Certains ont fait valoir qu’ils craignaient sérieusement qu’une telle décision entraînerait de manière inéluctable une «chasse aux sorcières»[24]. En même temps, l’élaboration et la prise de décision sur la publicité des documents des « dossiers sur les citoyens » et, par conséquent, le dévoilement des noms des agents du KGB ne relevaient pas de la compétence de la Commission sur les archives du parti (KPSS) et du KGB. C’est seulement au sommet que pouvait être prise une décision politique (au niveau du président de la Fédération de Russie ou du Soviet suprême). En revanche, en dehors des discussions passionnées dans certains milieux politiques, aucun réel travail législatif n’a été fait en ce sens. Cela a laissé la porte libre aux députés conservateurs proches des organes de sécurité : ils se sont empressés d’élaborer une nouvelle loi qui permet de garder dans le secret, comme auparavant, les dossiers les concernant.

Et un acte, qui a obtenu le statut de Loi sur « l’activité opérationnelle de recherche », a été promulgué dès avril 1992. Une nouvelle loi, rédigée en des termes plus durs, a été votée par la Douma d’État le 5 juin 1995[25]. Conformément à cette loi, toutes les informations concernant l’activité opérationnelle des agents et des noms des personnes qui collaborent secrètement avec les organes en question ont été déclarés « secret d’État ».

Cette loi a sérieusement retardé le travail ultérieur de la commission sur les archives sur le parti (KPSS) et le KGB, travail qui portait sur l’étude de la possibilité de l’accueil de la transmission de l’ensemble des documents de contrôle opérationnel à la conservation par l’État pour leur étude scientifique. Cette opposition à l’ouverture et à la déclassification des documents d’archives se nourrit discrètement d’une série de scandales liés à la découverte de tel ou tel document « à sensation ». Et comment ne pas avoir l’impression qu’une partie de ces scandales a été organisée intentionnellement ? En particulier lorsqu’il s’agit de « fuites », mais en réalité ce sont les collaborateurs mêmes de ces organes de sécurité qui ont transmis des documents payés rubis sur l’ongle par les journalistes occidentaux. Le sens de telles actions se comprend parfaitement. En sacrifiant des documents sans conséquences ou ayant déjà perdu de leur actualité, les organes de sécurité ont fait d’une pierre deux coups : ils reçoivent de l’argent et, en même temps, ils créent un certain état d’esprit propice à l’indignation et à la revendication de « remettre de l’ordre ». C’est allé jusqu’à des accords officiels entre l’Agence de sécurité fédérale (AFB) [26] et la firme de télévision américaine « Davis Entertainment » qui retransmit des téléfilms et des séries « sur fond de dossiers ultra-secrets ».[27]

En prenant pour cible la transmission aux allemands de plusieurs documents du dossier sur Shulenberg,  qui a eu lieu en juin 1991,  il ne pouvait être question alors ni d’une perte de contrôle de la part du KGB ni d’une indépendance de leurs collaborateurs archivistes. Mais même les journalistes russes les plus expérimentés  ont mordu à l’hameçon, supposant qu’il s’agissait d’un processus incontrôlable et spontané[28]. Sans nul doute, des scandales se sont produits également spontanément. Par exemple, les publications des comptes-rendus des cinq directions du KGB, contenant les pseudonymes des agents, sont tirées des documents de la Commission du Soviet suprême qui cherchait à restituer les causes et les circonstances du putsch d’août de 1991. [29] Les membres de cette commission ont travaillé activement dans les archives centrales du KGB à l’automne 1991. On peut se souvenir de toute une série d’autres histoires, notamment quand les archives d’État, dans lesquelles étaient conservés les documents « frais » du parti (KPSS) [30] ont fait l’objet de fuites. Néanmoins, la revendication d’instaurer l’ordre provenait précisément des administrations touchées par les publications des journaux. La décision, prise en janvier 1992, de transmettre  les documents d’archive du KGB à l’État afin qu’il en assure la conservation n’a pas été entièrement appliquée. Mais dès 1993, la Commission sur les archives du parti KPSS et du KGB cesse son activité. De sorte que le décret d’août 1991 sur les « archives du KGB », signé par le président Eltsine, n’a pas été appliqué, voire même oublié. Depuis lors, c’est à nouveau le retour de la toute puissance des organes de sécurité (FSB, SVR – services de renseignements à l’étranger – etc.), autrement dit comme à l’époque soviétique, quand les administrations elles-mêmes décidaient des questions relatives à la conservation et à l’utilisation des documents d’archive. Ces dernières années, l’idée que le pouvoir russe se fait sur l’information qui peut et doit être absolument déclassifiée dans les archives a radicalement changé.

Début 1992, lors de la réunion de la commission sur les archives du parti (KPSS) et du KGB, il ne faisait pas l’ombre d’un doute pour la plupart des participants[31] que « les documents du parti, traitant de son activité politique, commerciale ou économique, de ses liens avec le KGB, avec les partis « frères », avec les gouvernements étrangers, avec les structures sociales et autres, ainsi que les documents sur la persécution des dissidents devaient être l’objet d’un accès libre ». Mais par la suite, les experts du ministère des affaires étrangères de la Fédération de Russie ont refusé, après l’examen des documents déclassifiés, l’ouverture des archives concernant l’activité du parti KPSS en politique étrangère. Tant et si bien qu’en 1995, lors de la déclassification des rapports des plenum du comité central du KPSS, sur les instances d’un représentant du ministère des affaires étrangères, le texte de M.A. Souslov faisant état de la crise en Pologne au plenum de novembre 1981 du comité central du KPSS reste classifié comme document secret. [32]

La situation concernant les droits des citoyens à l’accès et à l’utilisation des documents d’archive en Russie suscite aujourd’hui de sérieuses inquiétudes. En comparaison de l’ouverture des archives et de la mise en accès de leurs documents au début des années 90, on observe une régression évidente. Ces changements s’expliquent par des raisons de politique intérieure et, en particulier, par le nouveau cours «patriotique et étatique» revendiqué du pays. L’histoire du pays devient à nouveau l’objet de batailles politiques et un moyen idéologique afin de manipuler [problème quant au registre de langue] la population. La tendance à limiter les libertés, les droits à rendre publique et répandre l’information se renforce nettement.

Par ailleurs, la législation dans le domaine des archives (par exemple, la loi de 2004 sur l’archive dans la Fédération de Russie) donne des droits étendus aux chercheurs à l’accès à l’information des archives. Cependant, en pratique, nous remarquons que la loi est ignorée de plus en plus souvent. La violation des droits des chercheurs-historiens cherchant à avoir accès à telle ou telle collection de documents d’archive comporte un caractère systématique. Le processus de déclassification des documents d’archive secrets est rendu excessivement complexe par de nombreuses procédures bureaucratiques de sorte qu’elles l’ont interrompu de fait. Alors que les lois le permettent, il n’y a presque plus d’accès pour les chercheurs aux archives des administrations (FSB, SVR, MID – ministère des affaires étrangères – etc…). À présent, la lutte pour le droit des chercheurs à avoir accès et à pouvoir répandre librement une information sur les archives est une lutte politique essentielle. Cette question est non seulement capitale sur le plan scientifique mais aussi sur le plan du respect des droits, des libertés et des principes de formation d’une société civile. Sur le plan politique, le libre accès aux documents d’archives et la diffusion de leur contenu est le moyen le plus efficace pour s’opposer à la propagande d’État qui déforme l’histoire. En outre, la liberté et les droits du chercheur-historien, qu’il a lui-même obtenus, sont déjà des éléments d’une société civile. Il faut sans cesse rappeler que les droits existent seulement pour ceux qui savent les défendre. Et c’est seulement en encourageant les efforts des citoyens sensibles à la question que l’on peut mettre fin au diktat de l’État et à l’arbitraire dans la sphère des archives.


[1]       Bulletins du Congrès des députés du Peuple de la République socialiste fédérative soviétique de Russie (RSFSR) et du Conseil Suprême de la RSFSR. 1991 № 35 (29 août) Article 927 et 1157. Publiés également dans la revue «Les archives nationales», 1992, № 1, p. 3.

[2]       Voir ensuite «Commissions sur les archives du parti communiste et du KGB».

[3]       Patricia Kennedy Grimsted. Russian Archives in Transition: Caught Between Political Crossfire and Economic Crisis // American Archivist. vol. 56. Fall 1993. p.p. 614–662.

[4]       Pour plus de détails voir: KOZLOV, V. LOKTEVA, O. La révolution des archives en Russie (1991-1996) // La Pensée libre, 1997, № 1, p. 115–117.

[5]       Pour plus de détails voir: PETROV, N. «La politique de la direction du KGB quant aux archives a été criminelle…», Karta, Riazan, 1993, № 1, p.4–5.

[6]       C’est sans compter le volume des archives conservées dans les antennes locales du KGB.

[7]       Au même moment, dans les archives du KGB de la région de Moscou, il y a encore environ 250 mille dossiers personnels d’agents et d’informateurs qui sont conservés. Se fondant sur le nombre total de dossiers d’agents, le directeur de l’OuKGB de Moscou, N.N. Kraïnov, a déclaré en juin 1954 au sommet national des directeurs des employés du KGB qu’ « à Moscou et dans la région de Moscou presque une personne sur dix avait été recrutée ».

[8]       Chaque dossier d’un agent contient ses rapports.

[9]       Pratiquement toute cette catégorie de dossiers a été peu après détruite.

[10]       Les informations sur les endroits où se trouvent les antennes locales des archives centrales du KGB sont publiées dans le journal Karta (la Carte), Riazan, 1993, № 1, p.7. Voir également : INDEX – dossier sur la censure, 1997, № 1, p.96.

[11]       Selon d’autres données, transmises verbalement par des collaborateurs des archives centrales du KGB à la fin de l’année 1991, il s’y trouvait environ 270 mille dossiers.

[12]       Selon d’autres données, actualisées en 1991, dans l’antenne locale située à Omsk, deux fois plus de dossiers étaient archivés.

[13]       En 1992-1993, en lien avec la transmission à la direction diocésaine locale du local de l’ancien monastère Notre-Dame de Noël (Bogorodica-Pozhdestvenskij), les archives du KGB qui y étaient conservées ont été transférées dans la banlieue de Moscou.

[14]       Dont environ 6 mille qui n’ont pas encore fait l’objet de réhabilitation ou dont la réhabilitation a été refusée.

[15]       Certes, il faut ici prendre en compte qu’une partie des dossiers a été transmis au Ministère des Affaires Intérieures (MVD) qui se charge de les conserver. Ces dossiers s’y trouvent encore. Leur nombre nous est inconnu.

[16]       Publié: Karta, Riazan, 1993, № 1, p.6–7.

[17]       Ce chiffre choisi par la Commission n’est pas dû au hasard. C’est ce délai de conservation des documents dans les ministères et les départements de l’URSS qui a été fixé dès 1986 dans les règles de travail des archives des départements.

[18]       Il s’agissait ici des documents de la cinquième administration luttant contre les dissidents et le non-conformisme, qui était appelé officiellement administration chargée de la «lutte contre la diversion idéologique».

[19]       La loi de RSFSR «sur la réhabilitation des victimes des répressions politiques» a été adoptée le 18 octobre 1991. Voir le Recueil des actes législatifs et normatifs sur les répressions et la réhabilitation des victimes des répressions politiques, ,Moscou, 1993, p.194-205.

[20]       L’argument qui a pesé le plus de poids est celui selon lequel le service des archives n’était pas prêt à accepter un tel volume de documents à cause de l’absence de locaux, de cadres et de financements suffisants.

[21]       Les dossiers d’instruction des archives ont été déposés dans les magasins du GARF, et les dossiers filtrés et contrôlés dans le TSIDK – actuellement le RGVA.

[22]       Le bâtiment 14 rue Bolchaja Loubianka 14, où auparavant étaient situés les locaux des services de sécurités moscovites et les dépôts avec les dossiers ont été transmis à la ville de Moscou.

[23]       En avril 1989, après l’adoption de la nouvelle rédaction de l’article 70 et l’abrogation de l’article 190-1 du code pénal de la RSFSR (et les articles analogues dans les autres codes pénaux des autres républiques soviétiques) prévoyant une peine pour «agitation antisoviétique», ordre a été donné par Krioutchkov de détruire dans les archives du KGB tous les dossiers de contrôle opérationnel (dossiers sur les citoyens) établis sur les articles cités. Un an après, le directeur du KGB de l’URSS,  effrayé par les événements en Europe de l’Est, et en particulier, tirant  leçon de l’histoire de la chute de la RDA et du destin des archives de la Stasi, donne l’ordre en septembre 1990 de détruire tous les dossiers personnels et de travail des agents des services de sécurité conservés dans les archives. L’ordre n’a pas pu être exécuté partout avant août 1991. Voir: PETROV, N. «La politique de la direction du KGB quant aux archives a été criminelle…», Karta, Riazan, 1993, № 1, p.4.

[24]       Par l’expression «chasse aux sorcières», l’on entend une persécution d’innocents. Mais personne ne comptait persécuter des innocents. Il convenait en effet d’ouvrir les archives et d’étudier soigneusement les documents d’archives pour établir un juste tableau afin de mettre au jour le caractère et la motivation des répressions politiques et mettre un nom non seulement sur le visage des victimes, mais donner aussi les noms des ceux qui ont conduit les répressions (ainsi que leurs collaborateurs secrets), qui ont violé les droits de l’homme.

[25]       Bulletins du Congrès des députés du Peuple de la Fédération de Russie et du Conseil Suprême de la Fédération de Russie, 1992, № 17. (23 avril). p. 892; Recueil de la législation de la Fédération de Russie, 1995, № 33, article 3349.

[26]       L’Аgence fédérale de sécurité (AFB) de Russie est apparue le 26 novembre 1991 dans la refonte du KGB de la RSFSR et a existé jusqu’au 24 janvier 1992, quand a été formé le ministère de la sécurité (MB) de la Fédération de Russie.

[27]       Isvestia, 1992, 17 janvier; Vetchernaïa Moskva, 1992, 22 janvier. À ce moment l’AFB, auquel, comme l’ont communiqué les journaux, a été donné la garantie de présenter les documents, ne dirigeait aucunement les archives centrales du KGB, qui jusqu’au 19 décembre 1991, a intégré les services de sécurité interrépublicaines dirigés par Bakatin. Le 24 janvier 1992, il évite l’AFB et intègre directement le Ministère de la sécurité de la Fédération de Russie.  Le décret de décembre (1991) de Eltsine sur la formation d’un ministère de la sécurité et de l’intérieur (MBVD) unifié, que devait intégrer l’AFB, a été rejeté par la Cour constitutionnelle. L’AFB n’a donc jamais été dépendant des archives centrales.

[28]       Èlla Maksimova «Pendant que les archives du KGB sont sans direction, les secrets filent en Occident», Izvestia, 1992, 24 janvier. Le héros de cette publication, le lieutenant-général en retraite des services secrets soviétiques, S. Kondrachev, a expliqué dans sa réponse que la décision du transfert des documents a été prise par «les dirigeants du KGB». Entre temps, le journal a apporté le témoignage du caractère punitif de cette transaction dans une note de la rédaction. Voir Izvestia, 1992, 4 février.

[29]       «Comme ils ont travaillé avec nous», Russie, 1992, 22-28 janvier, № 4.; «Un esclave fidèle de la Tchéka», Izvestia, 1992, 22 janvier. Voir également la série de publications  de V. Kiselev – expert de la commission de l’enquête sur les circonstances de GKTchP» dans le journal Argumenty i fakty, «Toc, toc, toc… je suis ton ami», Argumenty i fakty, 1992. №№ 8–15. Ensuite, les documents d’archive de cette commission ont servi de base sur lequel s’appuie le l’ouvrage suivant: OUROUCHADZE, G.F., Moments choisis dans la correspondance avec les ennemis. Saint-Pétersbourg, 1995.

[30]       Pour plus de détails voir: KOZLOV, V. LOKTEVA, O. La révolution des archives en Russie (1991-1996),  La Pensée libre, 1997, № 1, p. 117–121.

[31]       Il faut noter que dans la composition de la Commission, ne figuraient pas seulement les directeurs du Comité des archives de Russie mais des représentants des différents départements.

[32]       Rien ne semble avoir troublé les conservateurs des documents, pas même le fait que tous les supports, le «matériel» (material) du plenum ont été rendus publics, l’allocution de Souslov a été tirée à 3000 exemplaires et distribuée dans tout le pays à travers les comités régionaux du parti.